envoyé par Jean François...à quand la paix pour les réfugiés? "poème d'une immigrée Somalienne
POEME D’UNE IMMIGREE SOMALIENNE | |
Personne ne quitte sa maison à moins Que sa maison ne soit devenue la gueule d'un requin Tu ne cours vers la frontière Que lorsque toute la ville court également Avec tes voisins qui courent plus vite que toi Le garçon avec qui tu es allée à l'école Qui t'a embrassée, éblouie, une fois derrière la vieille usine Porte une arme plus grande que son corps Tu pars de chez toi Quand ta maison ne te permet plus de rester. Tu ne quittes pas ta maison si ta maison ne te chasse pas Du feu sous tes pieds Du sang chaud dans ton ventre C'est quelque chose que tu n'aurais jamais pensé faire Jusqu'à ce que la lame ne soit Sur ton cou Et même alors tu portes encore I'hymne national Dans ta voix Quand tu déchires ton passeport dans les toilettes d'un aéroport En sanglotant à chaque bouchée de papier Pour bien comprendre que tu ne reviendras jamais en arrière Il faut que tu comprennes Que personne ne pousse ses enfants sur un bateau A moins que I'eau ne soit plus sûre que la terre-ferme Personne ne se brûle le bout des doigts Sous des trains Entre des wagons Personne ne passe des jours et des nuits dans l'estomac d'un camion En se nourrissant de papier-journal à moins que les kilomètres parcourus Soient plus qu'un voyage Personne ne rampe sous un grillage Personne ne veut être battu Pris en pitié Personne ne choisit les camps de réfugiés Ou la prison Parce que la prison est plus sûre Qu'une ville en feu Et qu'un maton Dans la nuit Vaut mieux que toute une cargaison D'hommes qui ressemblent à ton père Personne ne vivrait ça Personne ne le supporterait Personne n'a la peau assez tannée Rentrez chez vous Les noirs Les réfugiés Les sales immigrés Les demandeurs d'asile Qui sucent le sang de notre pays Ils sentent bizarre Sauvages Ils ont fait n'importe quoi chez eux et maintenant Ils veulent faire pareil ici Comment les mots Les sales regards Peuvent te glisser sur le dos Peut-être parce que leur souffle est plus doux Qu'un membre arraché Ou parce que ces mots sont plus tendres Que quatorze hommes entre Tes jambes Ou ces insultes sont plus faciles A digérer Qu'un os Que ton corps d'enfant En miettes Je veux rentrer chez moi Mais ma maison est comme la gueule d'un requin Ma maison, c'est le baril d'un pistolet Et personne ne quitte sa maison A moins que ta maison ne te chasse vers le rivage A moins que ta maison ne dise A tes jambes de courir plus vite De laisser tes habits derrière toi De ramper à travers le désert de traverser les océans Noyé Sauvé Avoir faim Mendier Oublier sa fierté Ta survie est plus importante Personne ne quitte sa maison,jusqu'à ce que ta maison soit cette petite voix dans ton oreille Qui te dit Pars Pars d'ici tout de suite Je ne sais pas ce que je suis devenue Mais je sais que n'importe où Ce sera plus sûr qu'ici Warsan Shire (Poétesse) |
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