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Jeunes réfugiés, ils ont quitté Calais pour se former à Laval

Du Soudan ou d'Afghanistan jusqu'à Laval, la route fut longue pour ces migrants. Installés temporairement à l'Afpa, ces jeunes veulent apprendre le français. Et faire leur vie en France.

Les visages ont l'air apaisé. L'envie de parler est là. « Bonjour », « merci » « d'accord », quelques mots de français prononcés dès le début de la conversation, Abel et Sofiane (1), souriants, expriment leur envie d'apprendre notre langue. L'échange se poursuit en anglais, avec lequel ils sont plus à l'aise.

Comme onze autres migrants, tous âgés entre 18 et 31 ans, ils ont quitté le village vacances de Sainte-Suzanne où ils étaient accueillis depuis trois mois. Direction le centre de formation pour adulte, l'Afpa, à Laval. Un énième voyage au compteur, mais on est bien loin des périples qu'ils ont vécus. Car la route fut longue depuis la fuite de leurs pays natals. Afghanistan, Soudan, Érythrée, Irak et Syrie.

« No life in Calais »

Sofiane a quitté le Soudan, il y a dix ans « pour fuir la guerre qui se déroulait sous mes yeux », explique-t-il. Il avait 21 ans. Après avoir traversé le Darfour, le Tchad et la Lybie, en mai 2006, il pose enfin un pied en Europe. Ce sera en Grèce. Il y restera neuf ans. Dans l'espoir d'un « meilleur avenir », l'Angleterre dans le viseur, Sofiane quitte la Grèce en octobre dernier. Macédoine, Serbie, Ukraine, Autriche, Allemagne, le voyage dure un mois jusqu'à Paris. Puis, direction la jungle.

« No life in Calais, no life in Calais », répète ce Soudanais, aujourd'hui âgé de 31ans. « Là-bas, beaucoup de gens nous ont aidés, mais ce n'est pas une vie, rien n'est possible », insiste Sofiane, le regard qui en dit long sur ces quelques semaines passées à Calais.

« Je veux vivre en France »

Résigné à ne pas atteindre l'Angleterre de ses rêves, il quittera Calais pour Sainte-Suzanne, fin novembre, dans l'espoir, enfin, d'un semblant de vie. Sofiane a le statut de réfugié depuis un mois. Il veut apprendre le français. « Je veux vivre en France et peut-être suivre une formation d'électricien. C'est ce que je faisais au Soudan, un ami m'avait appris le métier. Mais pour cela, je dois parler français. »

Abel, lui aussi n'espère plus passer la frontière. Cet Afghan a quitté son pays en janvier 2015. Iran, Turquie, Bulgarie... Il traversera sept pays en sept mois, pour atteindre Calais le 8 août 2015. Une date gravée dans sa mémoire. « Tous les jours, des centaines de fois, j'ai essayé d'aller en Angleterre, raconte le jeune homme de 31 ans. Mais c'est très très dur, il n'y a aucune chance. » Il y est resté quatre mois avant de prendre un bus pour Sainte-Suzanne et son village vacances. Puis, l'Afpa depuis mardi.

Abel a obtenu le statut de réfugié il y a un mois. Il est désormais prêt à tout pour faire sa vie en France. En commençant, comme Sofiane, par apprendre le français.

(1) Prénoms d'emprunt

Jeanne DE BARROS.



09/03/2016
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