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"bruits de bottes" par Jean François Debargue

Après des années d'immobilisme au cours desquelles chacun

claironnait sa victoire sur des avancées insignifiantes pour se persuader, côté

Sahraoui, que l'espoir est encore possible, les choses vont elles enfin bouger?

L'amertume du temps qui passe, 40 années d'exil, la situation de la population

Sahraouie des Territoires Occupés, les disparitions forcées, l'enfermement et la

torture des prisonniers politiques, les graves inondations d'octobre ou la dégradation des conditions de survie dans les camps n’ont pas permis

d'émouvoir une opinion indifférente ou maintenant préoccupée

par sa seule sécurité.

Si une solution devait enfin naître, il semblerait que ce soit de la dégradation des

relations entre le Maroc et l'ONU. L'émissaire du Secrétaire Général, puis le

Secrétaire Général lui même, et enfin les membres de la mission de l'ONU au Sahara

ont été tour à tour déclarées "personna non grata" ou expulsés par le pouvoir marocain. L'occasion est aujourd’hui donnée au Polisario de reprendre les armes, mis devant le fait accompli de ne plus pouvoir négocier, si négociations il y avait... Si il tergiverse et laisse l'ONU faiblir une fois de plus devant le Maroc pour revenir avec encore moins de

pouvoir- rappelons que c'est déjà la seule mission de l'ONU dans le monde qui ne

soit pas mandatée pour juger de l'application des Droits Humains- alors la

situation continuera de s'éterniser, profitant au colonisateur.  En soutenant le Maroc dans son coup de force contre les Nations unies, la France et l’Arabie Saoudite contribuent à mettre la région en danger. Il est vrai que ces apprentis sorciers ont de l’expérience…

Il s'agit sans doute là d'une des toutes dernières chances des Sahraouis. La

situation est inédite et dans leur précarité on peut penser que les Sahraouis

n'ont malheureusement plus rien à perdre.

En effet, depuis plus de 25 ans le champ des négociations n’a pas donné la moindre récolte

et même ceux qui avaient soutenu cette forme d’espoir confessent que leur plus

grande erreur fut d’avoir signé le cessez le feu en 1991, suite à la promesse, 25

fois dite, 25 fois oubliée, qu’un referendum serait organisé dans les neuf mois

suivants.

Qui pourra leur reprocher leur patience et leur non-violence suite au fait d’avoir été floués par l’échange d’un référendum promis contre un quart de siècle de négociations infructueuses et d’assistanat humanitaire ?

Qui pourra leur reprocher de vouloir mourir les armes à la main plutôt que de

mourir dans les camps, la main tendue ?

Cette phrase de Boualem Sansal dans son livre « 2084 », s'appliquera t’elle aux

Sahraouis ?

" Dans le provisoire qui dure, il y a une leçon: L'important n'est plus le but, mais

la halte, fut elle précaire. Elle offre repos et sécurité, et ce faisant elle dit

l'intelligence pratique de l'Appareil ".

La halte n’a que trop duré. Elle touche les enfants de parents eux-mêmes nés dans les camps. Elle offrit certes repos et sécurité après l’exode de 1976.

Aujourd’hui elle n’offre aux générations nées de cette halte qu’une unique forme

de repos et de sécurité : la mort dans l’oubli…

 

Jean-François Debargue

 



30/03/2016
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